• Namibie 2023 partie 2 : De Sossusvlei au Kiripotib astrofarm

    Troisième jour de notre voyage en Namibie. Nous quittons le lodge de Namib Naukluft à l'aube pour rejoindre le célèbre site naturel de Sossuvlei, cette visite constitue le moment phare de notre séjour touristique dans le pays. Ce dimanche 9 juillet va également être marqué par un long périple d'ouest en est entre le Namib et le Kalahari afin de rejoindre le Kiripotib guest farm et son observatoire où nous allons loger durant une semaine. La Lune se lève de plus en plus tard et sa phase décroît, ce qui nous permet de rentrer de plein pied dans notre séjour astronomique.

    Celestron 5

     

    Dimanche 9 juillet

    Ce dimanche matin nous nous levons à 5 heures du matin pour rejoindre le site naturel de Sossusvlei. La nuit a été très courtes, nous avons besoin d'une bonne dose de café pour nous réveiller. Dehors nous découvrons le Grand Nuage de Magellan bien plus haut dans le ciel qu'en début de soirée, il est impressionnant en taille apparente par rapport au Petit Nuage. C'est également l'occasion d'assister au lever de la constellation d'Orion qui de ce côté de la Terre se présente la tête à l'envers !

    Après une heure de route nous nous approchons de l'entrée du parc et nous pouvons déjà admirer de nombreuses dunes de sable qui offrent de beaux jeux de lumière sous l'éclairage rasant du Soleil levant.

    Nous pouvons remarquer au dessus de nos têtes la présence de la Lune gibbeuse. Depuis l'hémisphère sud nous la découvrons à l'envers, la région polaire sud très cratérisée est placée vers le haut et l'étroite mer du Froid qui longe la région polaire nord se retrouve en bas ! C'est bien la preuve que la Terre est ronde et qu'en voyageant jusqu'à la Namibie nous avons basculé la tête en bas !

    A l'entrée du parc nous devons laisser notre van sur le parking. La piste devient de plus en plus cahoteuse et sablonneuse et pour parvenir jusqu'au site de Sossusvlei nous devons embarquer sur un véhicule tout terrain.  

    Le site de Sossusvlei abrite quelques unes des dunes les plus élevées du monde, la plus haute est surnommée "Big Daddy", elle culmine à près de 350 mètres d'altitude.

    Sossusvlei

    Fondé en 1907 par les Allemands, le parc national de Namib-Naukluft est le plus grand parc d'Afrique et le quatrième plus grand parc du monde. La principale attraction touristique du parc de Namib-Naukluft est justement le site naturel de Sossusvlei que nous visitons aujourd'hui.

    Les dunes du Namib entourent une vaste étendue claire, il s'agit d'une cuvette couverte d’argile blanche faisant penser à un salar. Cet endroit étonnant porte le nom de "Dead Vlei", c'est à dire le marais de la mort ! Ce marais formait autrefois une oasis humide où poussaient des acacias. Depuis les dunes de sables ont bloqué l'arrivée d'eau et le marais s'est asséché.

     

    L'étendue claire de Dead Vlei abrite de nombreux arbres morts depuis plus de 550 ans. Les troncs de ces arbres morts sont noircis par la chaleur accablante du Soleil. Le faible taux d'humidité qui règne à cet endroit les empêchent de se décomposer, si bien qu'on pourrait croire qu'ils sont pétrifiés !

    Certains troncs ressemblent à de véritables sculptures, le photographe peut laisser libre court à son imagination pour crée des compositions originales. Dead Vlei est d'ailleurs un lieu très apprécié des amateurs de belles images.

    Malgré la chaleur qui s'installe dans le désert, Gilles, Christoph et Vincent s'apprêtent à attaquer courageusement l'ascension de Big Daddy ! Voilà un sacré défi !

    Sur le désert blanc de Dead Vlei la lumière devient intense et la chaleur pesante. Heureusement nous avons prévu des réserves d'eau, des lunettes de Soleil et de la crème solaire, sinon nous risquions de terminer comme ce vieil arbre desséché. Je n'ose même pas imaginer la température qui doit régner ici en plein été austral !

    Il fait chaud mais qu'est-ce que c'est beau ! Le regard de l'astronome est également attiré par cet immense ciel bleu, durant le séjour nous ne verrons quasiment pas de nuages. Pas la peine de regarder les prévisions météo, ce soir il fera beau !

    Bien que l'endroit paraisse hostile, il y pousse encore quelques plantes et quelques arbres. Cet acacia va nous offrir une ombre bienvenue !

     La Lune, tête en bas, rejoint petit à petit l'horizon. Une vieille souche semble vouloir l'attraper !

    Une heure plus tard nous retrouvons nos amis à la descente de Big Daddy. Il est temps de repartir car il nous faut reprendre la route en direction de Solitaire, puis du lointain Kalahari.

    En retournant au parking nous admirons une dernière fois le fabuleux paysage du Namib. Le désert du Namib est l'un des plus vieux du monde, il se serait formé il y a près de 55 millions d'années. Il s'étend sur plus de 1500 km le long de la côte ouest de la Namibie.

    Nous embarquons à nouveau dans la navette tout terrain qui est une attraction à elle toute seule tellement elle nous secoue dans tous les sens. Heureusement qu'elle est là car le piteux état de la piste ne nous aurait pas permis de parvenir aux dunes avec notre van !

    Une fois sortis du parc nous nous hâtons d'avaler notre pique nique avant de repartir pour plusieurs heures de route.

    Sur le trajet nous faisons un arrêt à Solitaire afin de faire le plein de carburant. Nous retrouvons nos petits écureuils terrestres du Cap qui sont beaucoup moins farouches que la première fois.

    Les gourmands se régalent de morceaux de pommes que nous partageons avec eux. Ces écureuils se nourrissent habituellement de bulbes, de fruits, d'herbes, d'insectes et de graines.

    En restant un moment avec les écureuils j'ai la surprise de voir qu'ils partagent leurs terriers avec un autre animal ! Voici une jolie mangouste fauve au pelage doré et aux yeux rouge brique. La mangouste se laisse approcher mais elle n'est pas intéressée par les morceaux de fruits car elle est carnivore, elle se nourrit d'insectes, de scorpions et même de serpents !

    On la rencontre dans les zones semi-désertiques en Angola, au Botswana, en Afrique du Sud, en Namibie ou au Zimbabwe.

    magouste fauve

    En quittant Solitaire nous bifurquons sur la droite en direction des montagnes de Spreetshoogte et de son col qui culmine à 1700 mètres. Le Kalahari se trouve à près de 4 heures de piste de l'autre côté du massif ...

    Après avoir avalé les kilomètres et les heures de route, nous parvenons en début de soirée sur les pistes rouges du Kalahari.

    Et c'est dans la nuit noire que nous arrivons enfin au lodge de Kiripotib. Nous sommes complètement fourbus mais très heureux d'être enfin parvenus à destination. Nos hôtes allemands qui nous attendaient plus tôt nous convient à rejoindre la salle à manger pour profiter du premier repas dans notre nouveau lieu de villégiature. Nous allons rester une semaine à Kiripotib pour profiter de ses installations astronomiques et explorer le ciel austral. Nous rentrons donc de plein pied dans notre séjour d'observation de la voute étoilée !

    Après le repas nous rejoignons nos chambres. Compte tenu que nous allons rester plusieurs jours dans ce lodge astronomique nous pouvons enfin nous poser et déballer les valises. Malgré la fatigue accumulée durant cette longue journée nous sommes pressés d'aller observer. Ce soir nous prenons possession de notre Dobson de location de 370 mm, mais nous avons du mal à trouver son box dans le noir, en arrivant de nuit au lodge nous n'avons pas encore pris nos repères.

    Avant d'attaquer les observations j'admire le ciel à l'oeil nu. En début de soirée nous avons droit à une lumière zodiacale magistrale qui monte jusqu'au zénith et disparaît seulement lorsqu'elle parvient à la croisée avec la Voie Lactée au niveau du centre galactique. A la base du cône formé par la lumière zodiacale Vénus brille d'une lumière intense, un vrai phare !

    Je rappelle que la lumière zodiacale est provoquée par la réflexion de la lumière du Soleil par les poussières interplanétaires réparties sur le plan de circulation des planètes autour du Soleil (plan de l'écliptique).

    lumière zodiacale namibie

    Ce soir le Celestron 5 est également de sortie, je vais pouvoir commencer à faire du dessin. Je commence les observations avec l'amas globulaire NGC 4372 (7,2m - 5') de la Mouche. A 78x l'amas apparaît déjà correctement résolu en de nombreuses étoiles faibles visibles sur l'ensemble de sa surface car il ne présente pas de condensation centrale notable. Je note que l'objet est bordé au NNO par une étoile lumineuse de 6,61m.

    ngc 4372 globular cluster

    NGC 4372 - Amas globulaire dans la Mouche
    Télescope Celestron de 125 mm à 78x (Wide Scan 16 mm)
    Kiripotib guest farm (Namibie)

    J'ai également installé le Vespera pour pouvoir faire des images pendant que je dessine avec le Celestron 5. La première cible visée est similaire à celle observée au Celestron 4, à savoir l'amas globulaire NGC 4372 (7,2m - 5') de la constellation de la Mouche. Cet amas est située dans un champ stellaire qui est traversé par une longue nébuleuse obscure surnommée le "dark doodad" et qui est aussi cataloguée sous la référence Sandqvist 149. L'ensemble forme une composition assez photogénique. L'amas globulaire NGC 4372 est situé à 18900 années-lumière, il ne présente pas de condensation centrale dense et de ce fait il est classé de type XII.

     NGC 4372 et le "dark doodad" -  Amas globulaire et nébuleuse obscure dans la Mouche
    Vaonis Vespera 50/200 mm - mode mosaic - live stacking de 180 images et 30:00 mn de pose
    Kiripotib guest farm (Namibie)

    Je passe ensuite  à un autre dessin, j'ai jeté mon dévolu sur l'une des stars du ciel austral, il s'agit du bel amas globulaire NGC 104 (4,0m - 50') aussi connu sous le nom de 47 Toucan. La tache est ardue car l'amas est déjà piqueté d'un très grand nombre de fines étoiles sur une large partie de la périphérie du noyau à 57x. Contrairement à NGC 4372, NGC 104 comporte une condensation centrale très lumineuse et très contrastée. Son halo présente lui quelques chaines d'étoiles et quelques condensations stellaires. 47 Toucan est vraiment un très bel objet, très spectaculaire même dans le diamètre modeste du Celestron 5 !

    ngc 104 globular cluster

    NGC 104 "47 Toucan" - Amas globulaire dans le Toucan
    Télescope Celestron de 125 mm à 57x (Nagler 22 mm)
    Kiripotib guest farm (Namibie)

    Je décide d'orienter le Vespera vers le Petit Nuage de Magellan, qui possède une référence peu connue dans le New General catalog sous le matricule NGC 292. Cette galaxie naine satellite de notre Voie Lactée est située à 210 000 années-lumière de nous, elle est très étendue dans le ciel (319'x205'), de ce fait elle rentre au chausse pied dans le cadrage maximal du mode mosaïque de l'instrument. N'hésitez pas à visionner l'image en grand en cliquant dessus, on peut alors voir qu'elle est composées innombrables étoiles faibles, les astronomes estiment qu'elle pourrait en contenir pas de moins de 5 milliards ! Le Petit Nuage de Magellan abrite également d'importantes régions de formations d'étoiles.

    Small magellan Cloudy Namibia

    NGC 292 "Le Petit Nuage de Magellan" -  Galaxie dans le Toucan
    Vaonis Vespera 50/200 mm - mode mosaic - live stacking de 327 images et 54:30 mn de pose
    Kiripotib guest farm (Namibie)

    Il commence à se faire tard et après la grosse journée de visite et de route que nous avons eu je rêve de rejoindre le lit. Je me motive quand même à effectuer un dernier dessin, et je pars rendre visite la à la jolie nébuleuse planétaire NGC 5189 (10,3m - 2,3') de la constellation de la Mouche. A 125x elle dévoile déjà une structure complexe, cet objet très intéressant montre une forme atypique pour une nébuleuse planétaire. En effet, son enveloppe gazeuse ressemble à la structure d'une galaxie spirale barrée, avec une longue barre et des extensions à chacune de ses extrémités.

    ngc 5189

    NGC 5189 - Nébuleuse planétaire dans la Mouche
    Télescope Celestron de 125 mm à 125x (Ethos 10 mm + UHC)
    Kiripotib guest farm (Namibie)

     

    Lundi 10 juillet

     

    Nous voilà désormais installé au Kiripotib guest farm dans le désert du Kalahari pour une semaine consacrée à l'observation du ciel austral et à la découverte de faune locale.

    Kiripotib guest farm

    C'est aussi le moment de profiter d'une journée de repos bienvenue après avoir fait beaucoup d'heures de route et de visites les premiers jours. Nous notons que depuis notre arrivée dans le Kalahari la météo s'est pas mal rafraichie car le vent s'est levé.

    Tranquillement installés sur notre terrasse ensoleillée et abritée du vent, nous prenons l'apéro dans la douceur de l'hiver austral en compagnie d'un lézard du désert.

    L'arrivée à Kiripotib correspond pour moi au début de mes observations avec le Celestron 5 (télescope de 125 mm) et même si la veille la nuit a été plutôt courte j'ai déjà pu réaliser quelques dessins avec ce petit tube optique. Je l'ai équipé d'un renvoi coudé au coulant 50,8 mm et je l'ai fixé sur une monture Microstar, elle même fixée sur un trépied Manfrotto. l'ensemble constitue un setup hyper transportable, le tube ne pèse que 2,5 kg et passe en bagage cabine tandis que la monture et le trépied voyage en soute dans la valise.

    Vu que nous sommes arrivés à la lodge de nuit, nous découvrons les lieux sous la lumière du jour et prenons nos marques. Un petit chemin de briques rouges bordé d'une peinture blanche immaculée conduit à l'astropark, la partie du lodge consacrée à l'astronomie. Ces bordures blanches sont vraiment utiles car la nuit l'obscurité est déconcertante, il est très facile de perdre son chemin et retrouver sa chambre devient alors un grand défi !

    astropark Kiripotib

    L'astropark propose beaucoup de matériel tourné vers l'astrophotographie. Seulement deux télescopes dobsons sont disponibles à la location pour l'observation visuelle, le plus gros de 600 mm de diamètre était malheureusement déjà réservé lorsque nous avons contacté Kiripotib. De nombreux allemands ont l'habitude de se retrouver à Kiripotib pour leurs observations et il est compliqué de trouver un télescope libre en période de nouvelle Lune. De notre côté nous avons quand même pu louer le dobson de 370/1750 mm f/4.7 du dimanche au jeudi, c'est déjà çà.

    A côté des nombreux box qui composent l'astropark se trouve également une petite maison appelée l'astrovilla.

    L'astrovilla offre un refuge bienvenue lors des froides nuits de l'hiver austral. Les astronomes amateurs peuvent s'y réchauffer ou profiter d'une collation faisant partie des prestations proposées par Kiripotib. On peut y trouver des sandwiches, de la soupe ou des boissons chaudes.

    En début d'après-midi un gouter est également servi sur la terrasse de l'astrovilla avec des gâteaux, du thé et du café.

    L'après-midi nous rejoignons les chambres pour dormir un peu. Il faut reprendre des forces pour être en forme cette nuit. Le repas du soir est pris tôt afin de pouvoir profiter du début de nuit.

    Ce soir je commence les observations par une cible qui est déjà visible depuis la France, mais très basse sur l'horizon, alors qu'ici elle passe haut dans le ciel. il s'agit de la belle galaxie spirale M83 (7,5m - 12,9'x11,2') de la constellation de l'Hydre. A 57x la vision de cette galaxie dans le télescope de 125 mm est déjà étonnante, je perçois clairement des détails de sa structure, notamment une sorte de barre brillante et des extensions latérales aux extrémités de la barre. En passant du temps à détailler l'objet en vision décalée je finis pas deviner des bribes de spires de ses extensions brillantes. Au final M83 ressemble vaguement à la lettre grecque thêta. Le Celestron 5 semble vraiment dopé par ce ciel d'exception !

    M83 galaxy

    M83 - Galaxie dans l'Hydre
    Télescope Celestron de 125 mm à 57x (Nagler 22 mm)
    Kiripotib guest farm (Namibie)

    Comme j'aime beaucoup la galaxie M83 (7,5m - 12,9'x11,2') je décide de lui tirer également le portrait avec le Vespera. En 25 minutes de pose la belle galaxie vue de face dévoile parfaitement sa structure spiralée. Elle est située à 15 millions d'années-lumière.

    M83 galaxy Vespera

    M83 -  Galaxie dans l'Hydre
    Vaonis Vespera 50/200 mm - mode mosaic - live stacking de 151 images et 25:10 mn de pose
    Kiripotib guest farm (Namibie)

    NGC 5128 (6,6m - 25,7'x20,0') est l'une des galaxies à ne surtout pas manquer lorsqu'on visite le ciel austral. Je l'ai photographié le premier soir à Rooisand, cette fois-ci je vais la dessiner. Dans le Celestron 5 à 57x Centaurus A se révèle lumineuse et parfaitement visible. Je perçois dans difficulté ses deux hémisphères brillants séparés par une bande sombre. avec un peu d'attention je note que le chenal obscur est plus évasé à l'est.

    ngc 5128 Centaurus A

    NGC 5128 - Galaxie dans le Centaure
    Télescope Celestron de 125 mm à 57x (Nagler 22 mm)
    Kiripotib guest farm (Namibie)

    Comme j'ai déjà imagé NGC 5128 avec le Vespera le premier soir à Rooisand, je décide de partir dans la constellation de l'Autel rendre une visite à la grande nébuleuse NGC 6188. Le but est de tester le filtre dual band (bande passante dans le H-alpha et l'oxygen III) sous un bon ciel afin de voir s'il apporte un gain notable dans la photographie des grandes nébuleuses diffuses. Et je dois bien avouer que le résultat est particulièrement impressionnant, cette grande région de formation d'étoiles révèle de nombreux détails avec de beaux nuages sombres de poussières qui découpe le nuage rouge d'hydrogène ionisé. Le complexe de NGC 6188 est situé à 4400 années-lumière, il englobe de nombreuses étoiles blanches ou bleues très jeunes. Notez également la présence du rémanent de Wolf Rayet NGC 6164-5 (12,0m - 29"x23") juste à droite de NGC 6188. Cette nébulosité fut éjectée par l'étoile HD 148937, une étoile géante bleue très massive de type O6e. Cette jeune étoile située à 4500 années-lumière perd de la matière à un rythme soutenu.

    ngc 6188 nebula Vespera dual band

    NGC 6188 et NGC 6164-5  -  Nébuleuse dans l'Autel et rémanent de Wolf Rayet dans la Règle
    Vaonis Vespera 50/200 mm - mode mosaic - live stacking de 317 images et 52:50 mn de pose - filtre dual band
    Kiripotib guest farm (Namibie)

    Gilles a pointé la galaxie NGC 7090 (10,7m - 7,3'x1,2') de la constellation de l'Indien dans le Dobson de 370 mm. Il m'invite à jeter un coup d’œil à l'oculaire et là je découvre un long fuseau nébuleux plutôt esthétique étiré dans le sens SE/NO. Une étoile de 14,0m borde son noyau discret et étalé dans le sens de l'allongement du disque galactique. En vision décalée à 175x je devine également la présence d'une pâle condensation lumineuse située juste au SE de l'étoile.

    ngc 7090 galaxy

    NGC 7090 - Galaxie dans l'Indien
    Télescope dobson de 370 mm à 175x (Ethos 10 mm)
    Kiripotib guest farm (Namibie)

    Retour sur le Vespera. Comme je suis content du rendu offert par le filtre dual band je tente une nouvelle nébuleuse diffuse, direction IC 2948 (40') du Centaure, aussi connue sous le surnom de la "nébuleuse de la poule qui court" ! Cette région d'hydrogène ionisé (HII) abrite un amas ouvert nommé IC 2944. Ce complexe est situé à 6000 années-lumière et s'étend sur près de 70 années-lumière. En visionnant l'image en grand, vous pourrez rechercher les petits globules sombres appelés globules de Bok, ou globules de Thackeray.

    IC 2944 running chicken Vespera dual band

    IC 2948 "running chicken"  -  Nébuleuse diffuse dans le Centaure
    Vaonis Vespera 50/200 mm - mode mosaic - live stacking de 317 images et 52:50 mn de pose - filtre dual band
    Kiripotib guest farm (Namibie)

    Pendant ce temps je continue les dessins et j'oriente le Celestron 5 en direction du petit Nuage de Magellan. Cette galaxie satellite de notre Voie Lactée montre déjà pas mal de choses dans le télescope de 125 mm. Je choisis de me concentrer sur le champ qui englobe la nébuleuse NGC 346 (14'x11'), l'amas et la nébuleuse NGC 371 (4') ainsi qu'un autre duo amas et nébuleuse nommé NGC 395 (7'). A 57x NGC 346 montre déjà sa structure originale qui fait penser à une galaxie spirale barrée. L'amas d'étoiles qu'elle englobe ressemble à une petite tache brillante nichée au coeur de la forme spiralée. NGC 371 ressemble à une grande bulle diffuse sur laquelle se distingue quelques étoiles faibles et NGC 395 se présente comme une nébulosité étirée dans le sens SE/NO.

    ngc 346 and NGC 371 SMC

    NGC 346 - 371 - 395 - Amas ouverts et nébuleuses dans le Petit Nuage de Magellan
    Télescope Celestron de 125 mm à 57x (LVW 22 mm)
    Kiripotib guest farm (Namibie)

     

    Puisque je passe du temps dans le Petit Nuage de Magellan, je dirige aussi le Vespera vers ce secteur du ciel, direction le grand amas globulaire NGC 104 (4,0m - 50') alias "47 Toucan".  Cet amas globulaire spectaculaire situé à 15 000 années-lumière est impressionnant de part son apparence visuelle mais également par ses caractéristique physique. En effet 47 Toucan mesure pas loin de 210 années-lumière de diamètre et possède une masse équivalente à 1 million de fois celle du Soleil ! En cliquant sur l'image pour la visionner en bonne résolution, vous pourrez remarquer la présence de deux tout petits amas globulaires au nord et au sud de NGC 104. Au nord nous pouvons observer NGC 121 (10,5m - 1,5') et au sud ESO 28-19 (12,0m - 2,4''), tout les deux sont rattachés au Petit Nuage de Magellan.

    NGC 104 "47 Toucan" -  Amas globulaire dans le Toucan
    Vaonis Vespera 50/200 mm - mode mosaic - live stacking de 186 images et 31:00 mn de pose
    Kiripotib guest farm (Namibie)

    Il commence à se faire tard mais j'ai envie de continuer à visiter les petits objets du Petit Nuage de Magellan qui commence à bien gagner de la hauteur par rapport à l'horizon. Un amas ouvert très compact et lumineux attire mon attention pour un dernier dessin, il s'agit de NGC 330 (9,6m - 1,4'). Dans le Celestron 5 à 156x l'amas n'est pas résolu en étoiles, il apparaît comme une petite masse diffuse étirée dans le sens SE/NO. Une chaine d'étoiles dessine un arc lumineux dans cette nébulosité, du coup même si l'amas n'est pas résolu il montre quand même un peu de détails.

    ngc 330 open cluster

    NGC 330 - Amas ouvert dans le Petit Nuage de Magellan
    Télescope Celestron de 125 mm à 156x (Ethos 8 mm)
    Kiripotib guest farm (Namibie)

    « Namibie 2023 partie 1 : Voyage du Gamsberg au NamibNamibie 2023 partie 3 : Astronomie et safaris dans le Kalahari »

    Tags Tags : , , , , , ,
  • Commentaires

    1
    etoilesdesecrins
    Jeudi 27 Juillet 2023 à 13:35

    Salut Laurent,

     

    je ne suis pas très voyageur mais force est de constater l'ampleur d'un tel périple !

    Quels paysages !

    Au-delà des objets évoqués que je ne connais pas, j'ai particulièrement apprécié les photos de paysage et de faune. Et quels contrastes de pureté et de couleurs ! La netteté remarquable à l'horizon est époustouflante, marque d'une région non polluée et propice à l'astro. C'était un critère de transparence défini par B. Laville dans Ciel Extrême à juste titre.

    Je ne peux que comparer avec la très piètre transparence que j'ai eue vers Sisteron sur mon lieu secondaire d'observation ces jours-ci, un air très flou gommant quasi les montagnes proches à l'horizon ! Au début c'était encore potable mais dès la nuit tombée nuages et voiles arrivaient on ne sait d'où.

    Frustrant quand on sait que la région montre habituellement des ciels autres que ceux du Lyonnais.

    Bref une année quasi blanche pour l'astro.

    Espérons que ça ira quand même bientôt pour nous, avec statistiquement des soirs clairs, et la réduction des longs crépuscules.

    etoilesdesecrins

    2
    Jeudi 27 Juillet 2023 à 20:57

    Salut !

    C'est vrai que le ciel n'est pas top depuis le début de l'année, à Marseille aussi on a eu des grosses périodes de ciel laiteux, même quand il était dégagé.

    Quand je pars au Chili où là en Namibie, en quelques nuits je fais autant de dessins que durant une année entière à Marseille ! la météo durant l'hiver austral en Namibie est vraiment très bonne, le ciel est tout le temps dégagé, il y a qu'un jour où nous avons vu des cirrus en journée et qui se sont dissipés la nuit venue. La transparence est elle aussi excellente, le taux d'humidité est très bas et puis il n'y a que très très peu de pollution lumineuse, en tout cas beaucoup moins qu'au Chili. J'ai juste noté un ciel un peu blanc un soir, mais c'était dû a des voiles d'airglow qui couvraient une partie du ciel. Sur les photos on aurait pu croire qu'il y avait des aurores australes au dessus de nos têtes. çà c'est le risque quand on part en période de maximum solaire !

    Sinon je te confirme qu'au delà de l'astro, le voyage vaut le coup pour les paysages grandioses, les grands espaces, et la faune abondante. C'est vraiment très dépaysant. Il y aura un troisième compte rendu qui va suivre et dans celui-ci beaucoup de photos animalières, car je n'ai pas encore traité 3 des safaris que nous avons pu faire.

    Amitiés,

    3
    gillounet
    Vendredi 28 Juillet 2023 à 13:30

    Salut Laurent,

    Tes textes, tes photos et tes dessins témoignent parfaitement bien de la densité des émotions qui m'ont traversé durant ce séjour en tant que "bleuzard" de l'hémisphère sud en astronomie.cool

    Au-delà de la qualité du ciel qui est exceptionnelle en Namibie, et des objets fabuleux comme Eta Carène, 47 Tuc, Oméga Cen et la Tarentule dans le LMC, c'est la Voie Lactée qui m'a subjugué, aimanté, retourné. On la regarde ici négligemment comme un outil pour décider de la qualité du ciel. Parfois, rarement, elle nous impressionne quand le ciel est d'exception. Mais là, à ce point, avec cette VL au zénith, c'est une redécouverte profonde de ce que l'astronomie visuelle m'a montré jusque là.  Et il n'y avait pas besoin d'instrument ! Chaque regard fouillait des recoins, des formes, des vides. Une expérience quasi hypnotique en ce qui me concerne ! Quelle beauté !

    Quelque chose me dit que l'appel du sud ne va pas se faire attendre très longtemps.yes

    4
    Vendredi 28 Juillet 2023 à 19:02

    Bonjour Laurent ! Quand j'admire tes images j'ai la nostalgie du ciel Austral, de la VL et de la lumière zodiacale que je n'avais jamais observé en France et qui m'a "explosé" au visage, à mes yeux, à Madagascar. Miandrivaso, Morombé, l'Isalo ainsi que dans le Bush malagasy... Le 21 juin 2001 pour une éclipse Totale et en 2006 pour une Partielle de Soleil. Profitez bien. Régalez vous !! Amitiés. JP

    5
    Vendredi 28 Juillet 2023 à 23:10

    Salut !

    @ Gilles : C'est tout à fait çà, dans l'hémisphère sud la Voie lactée est subjuguante, surtout en cette saison où le centre galactique trône au zénith. Elle a une présence incroyable dans le ciel, tellement brillante et détaillées avec toutes ces veines sombres des nuages obscurs de poussières, c'est un spectacle à elle toute seule. Puis, quand on se retrouve face au centre galactique, on peut tout à fait se projeter dans l'espace en s'imaginant notre position galactique, perdu dans notre petit bras spirale de la périphérie, c'est magique ! Et je ne parle pas de cette lueur verdâtre qu'elle dégage.

    Comme tu dis, je crois qu'on ne va pas attendre longtemps pour préparer le prochain séjour !!

    6
    Vendredi 28 Juillet 2023 à 23:16

    Salut Jean-Pierre !

    C'est vrai que la lumière zodiacale à ces latitudes c'est quand même quelque chose, chez nous on ne fait que la deviner à certaines saisons, là bas on ne voit que çà ! Depuis le Kalahari elle montait tout droit au dessus de l'horizon ouest en dessinant une immense cône lumineux qui ne disparaissait qu'au zénith à la croisée avec le centre galactique de la Voie Lactée. En plus on avait Vénus qui trônait en plein milieu de la partie dense de la zodiacale, un vrai phare, c'était très spectaculaire ! Sous ces ciels d'exception on pourrait presque se contenter de rester allonger dans le transat et contempler la voûte étoilée à l'oeil nu pendant des heures.

    7
    capricorne
    Vendredi 4 Août 2023 à 15:50

    Bonjour Laurent!

    Surprise exquise que de vous savoir ,de nouveau en Namibie!

    Je vais comme toujours vous remercier et vous féliciter pour ces reportages ,de prohappy (comme si on y étais!!)

    Vos photos sont tout simplement exceptionnelles et dignes d'un magazine GEO,

    mais là,rien, que pour nous ,vos admirateur(trice)!!!!

    Pour ce qui concerne le volet "astronomie":il me faut me propulser,et réviser  le ciel austral,

    que j'ai découvert grâce mes amis du club astro A.Einstein de Chaponnay(mon village.)lors de leur voyage en Namibie,

    fin d'été dernier, ils n'avaient pas eu  une météo des plus favorables,mais étaient revenus enchantés ,tout de même,puisqu'ils auraient bien envie d'y retourner.

    Je vais donc m'atteler à chacune de vos" prises de nuit",ou dessins...et ne pas hésiter à vous questionner,au cas ou,je sois perdue,tout bonnementyes;

    Nous les Lyonnais,entr'autre ,la météo est pourrie et ne nous permet pas d'observer,comme avant!!!

    Ah! ce "c'était mieux avant"!!!

    Continuez-à nous faire rêver,Laurent.

    Prenez-soin de vous et saluez votre équipe,"sympa"en action!

    Toutes mes amitiés astronomiques.

    Chantal B.

    8
    Samedi 5 Août 2023 à 11:34

    Bonjour Chantal !

    Effectivement la météo en France n'est pas optimale pour l'astronomie, du mauvais temps dans la moitié nord et un vent à décorner les boeufs dans le sud avec tous les massifs forestiers fermés pour risque incendie ...

    Du coup je suis très content d'avoir pu faire ce beau voyage en Namibie où notre petite équipe s'est vraiment régalée. Une bonne ambiance, des paysages extraordinaires, de grand espaces naturels sans âme qui vive, des animaux sauvages u peu de partout (pas mal d'images de la faune vont arriver avec la mise en ligne du troisième volet du séjour dans quelques jours). Niveau astronomie le ciel était dégagé tous les soirs, avec une Voie Lactée magistrale et une lumière zodiacale impressionnant, mes photos en témoigne. On a également été agréablement surpris par la qualité des repas dans les lodges, des produits frais et plats vraiment succulents. Bref, nous nous sommes régalés sur tous les plans.

    Il me semble de mémoire que vos amis du club de Chaponnay étaient allés à Tivoli, j'étais allé voir les photos sur votre site internet. Nous n'étions pas très loin, Kiripotib est situé dans la même zone du Kalahari. D'ailleurs en partant en excursion nous sommes passé devant à un moment donné.

    Comme pour vos amis, nous rêvons d'y retourner, je pense que nous n'allons pas attendre longtemps avant de préparer un nouveau séjour là bas !

    Passez un bel été, j'espère que la météo va s’améliorer vers chez vous.

    Amitiés,

    Laurent

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :